Alors que je m’enquérais auprès de mon cadet, sur l’un des derniers écrits que j’avais commis, il me dit :

 « Tu sais papa ils sont terriblement longs tes textes »

Mais bon sang, mais c’est bien sur, j’avais cru penser à tout, sans penser à mal, et sans arrière pensée, mais durant  ce badaudage littéraire j’avais laissé sur le bord de mes phrases mon ami  Non lecteur.

 

J’avais pourtant considéré le  pourcentage respectif des différentes catégories démographiques et socioprofessionnelles qui constituent la population totale susceptible de lire ces textes et  je pensais avoir pris en compte  l’ensemble des anagnostes.

Je précise pour les ignorants  que l’anagnoste était un esclave qui, chez les riches Romains, faisait la lecture pendant le repas. Cet esclave est maintenant remplacé par le présentateur du J.T.

 

J’avais pris en considération le lecteur blanc européen, enfin quoi, le lecteur normal. J’avais pensé au lecteur de couleur, je n’écris qu’en noir. J’ai pris en considération du lecteur Corse canal historique, je n’écris que sur le continent et j’évite les écrits explosifs pour éviter toute concurrence déloyale. Les chiffres, quand ils existent dans mes textes, sont toujours des chiffres arabes. J’élimine résolument le « cent » de mes écrits, ce qui  rend ces écrits cachers (ou Kacher) donc parfaitement consommables par mes amis juifs.

Mais, dans l’ensemble des individus auxquels j’apporte mon attention j’ai omis  mon ami Non lecteur.

 

Le Non lecteur est cet être étrange qui n’aborde un écrit qu’en fonction de ses vides, de sa longueur, et de la taille de sa police. Et comme chacun sait, les chiffres de la police  sont peu  fiables, car  communément  inférieurs à  la réalité. Ce qui va souvent induire d’erreur le Non lecteur. Et, un Non lecteur induit d’erreur deviendra encore plus méfiant quand il sera de nouveau mis en présence d’un écrit.

Mais, le Non Lecteur n’a-t-il pas parfois raison d’être méfiant face au texte ?

Le mot «  texte » vient du latin « tessere », qui signifiait : tisser, et n’est-il pas judicieux de considérer que parfois, les textes ne sont que tissus de mensonges ? Qu’entrelacer les mots sur le métier à tisser les paragraphes ne tissera pas forcément la trame bien solide pour un texte mal ficelé.

 

Le Non lecteur n’abordera une phrase que s’il peut au gré d’un point, d’une virgule voire d’un point virgule, s’en échapper. Glisser le regard sur une illustration, un dessin qui lui raconteront la fin de l’histoire, qui lui raconteront la fin de son histoire. Pour lui seul la fin justifie les moyens. Il n’avait pas faim de lecture la seule faim qui compte à ses yeux c’est la fin du paragraphe.

 

Un non  lecteur ne lit pas, il délit, il ajoute des mots aux mots des points aux lettres, des virgules aux nuages,  il déchiffre alors qu’il n’y a pas de chiffre, il sue, il peine,  il ne prend plaisir qu’à la vue du point final. Et c’est alors, alors seulement qu’il se retourne fièrement  à la vue du paragraphe vaincu. Mais ne lui demandez pas de relire, c’est du délire, vous allez le faire « pas lire ».

 

Les Non-voyant peuvent aller au cinéma, les Non-entendant peuvent  aller au concert, les Non- marchant peuvent  aller au marché, les Non-comprenant, …. peuvent tout se permettre et c’est à ça qu’on les reconnaît.

 Donnons donc accès au lire  aux NON LISANT

 

 

C’est pour  toi, camarade,  Non-Lecteur que j’ai rédigé le paragraphe qui suit :

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         ATTENTION dans 3 points dernier point avant le point final

   .

Voilà un chapitre rondement mené

Je ne relirais pas ce paragraphe, bien qu’on puisse craindre quelques fautes de ponctuation.

Ami Non lecteur, tu auras pu noter ma sollicitude, j’ai augmenté la police, pourtant Dieu sait si ça m’en coûte.Je t’ai laissé deux trois fautes d’orthographe, car sur ce point, tu sais que, toi et moi, nous les apprivoisons assez bien.

J’ai doublé la pagination histoire de te donner l’impression d’avoir lu plusieurs pages.

Sur ce, Ami non lecteur, je te souhaite le bonsoir.

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